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Le temps est venu de nous libérer.

 

 

Un article à l'occasion du 67ème anniversaire de l' "indépendance" israélienne.

Par: Eitan Bronstein Aparicio & Eleonore Merza Bronstein

22/04/2015

Il semble qu’au 67ème anniversaire de l’indépendance de l’Etat d’Israël, ses citoyens sont plus éloignés que jamais de la « libération » promise le jour de sa création. Une guerre qui avait pour but de nous (un « nous » exclusivement juif évidement) « libérer » et qui, en 1948, s’est soldée par une occupation militaire et l’expulsion de la plupart des Palestinien.ne.s du pays. Plus grave encore, cette occupation - initiée lors de la guerre d’indépendance - a transformé l’identité collective juive en une identité colonialiste et dans leur écrasante majorité, les Israélien.ne.s sont engagéEs dans la poursuite de cette occupation. 

 

La plupart des Israélien.ne.s ne remettent pas en question le sacrifice de leurs fils et filles dans ces guerres continuelles, tels des soldats spartiates prêts à tuer « l’opposant » au nom de la Nation sacrée. Parallèlement, un nombre restreint mais en constante augmentation d’Israélien.ne.s prennent leurs responsabilités civiles et refusent de servir dans l’armée. 

 

La mise en œuvre, réussie, de cette identité d’occupant.e.s se reflète dans l’occultation de l’occupation elle-même. Pour l’essentiel du « camp de la paix » et de la gauche israélienne, l’occupation est un projet qui a débuté en 1967. Ils ont également réussi à convaincre le monde de la charge négative du terme « colons » qui ne s’appliquerait donc, et selon eux, qu’aux habitant.e.s des Territoires Occupés. En agissant ainsi, ils créent l’illusion que l’occupation de la Cisjordanie de la Bande de Gaza, ainsi que le contrôle militaire permanent sur leurs populations, sont une anomalie ou une déviation du dessein sioniste originel, supposé pur. 

 

Le fait est que l’occupation de 1967 est le point culminant d’un projet qui a commencé à l’aube de l’immigration sioniste. La ségrégation entre « colons » et autochtones, au nom de la « rédemption » de la terre, était une ligne directrice qui devait atteindre sa forme ultime:   l’établissement d’un Etat juif en expulsant les Palestinien.ne.s et en les transformant en réfugié.e.s au cours de la Nakba. 

 

Que les Ministres de l’Éducation et de la Culture définissent la Nakba comme un jour où les Palestinien.ne.s portent le deuil de la création de l’État d’Israël, montre non seulement le degré d’ignorance mais alimente également le sentiment commun des Israélien.ne.s: l’identité palestinienne se limite à la haine d’Israël et des Juifs. 

 

En Europe, les premiers dirigeants sionistes utilisèrent le terme de « colonialisme » pour décrire leur projet en « Eretz Israël ». La colonisation perdure jusqu’aujourd’hui avec, entre autres, l’expulsion limitée mais constante des Palestinien.ne.s, le projet de loi destiné à définir Israël comme « l'État-Nation du peuple juif », ou encore la marginalisation  de la langue arabe.

Le temps est venu d’inventer un nouveau mot en hébreu pour définir le processus de décolonisation qui peut nous libérer de cette identité et de notre réalité d’occupant.e.s. Un tel processus de décolonisation doit défier les origines mêmes d’Israël et non l’occupation de 1967 qui n’est qu’un de ses symptômes les plus récents.

 

L’identité occupante est devenue une seconde nature - un état d’être - pour les Israélien.ne.s, au point que n’importe quelle proposition en direction d’un accord de paix, qui par définition demande des compromis avec les occupé.e.s, est présentée comme une menace existentielle dont le but est la destruction totale d’Israël, faisant ainsi référence à l’Holocauste, sans avoir besoin d’y faire référence directement mais en la suggérant. Les dirigeants de la droite nationaliste israélienne, invoquant cette menace ultime, ont d’ailleurs - et depuis longtemps - abandonné toute discussion sur la paix. Les espaces d’échanges autour d’un futur post-colonialiste sont devenus extrêmement rares. 

 

De nombreux d’Israélien.ne.s voient en la reconnaissance des droits des Palestinien.ne.s et l’idée même qu’ils/ elles sont leurs égaux, l’expression d’un antisémitisme et d’une haine de soi, et représenteraient une véritable menace existentielle. 

 

Au contraire, nous pensons que la reconnaissance de la Nakba et le droit au retour des réfugié.e.s palestiniennes est une opportunité pour les Israélien.ne.s d’accéder à cette « libération » tant attendue qui leur garantira une sécurité réelle et à long terme, et non plus l’illusion d’une sécurité durant des périodes - de plus en plus courtes - entre deux guerres. 

 

Eitan Bronstein Aparicio et Eléonore Merza Bronstein, fondateurs de De-Colonizer. 

 

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